Clément – Un chemin de terre à flanc de montagne. Depuis Saint Nicolas de Véroce, un petit village perché face à la chaîne du Mont-Blanc, on s’engage d’abord en voiture sur une route étroite et escarpée. Onze virages en épingle. Arrivé au plateau de La Croix, on laisse la voiture et on s’engage sur ce chemin qui monte vers le mont d’Arbois. On marche facilement. La pente est douce. La vue est magnifique. Le temps est juste chaud. Hautes herbes, fleurs, sapins. Nous discutons tous les deux, au rythme de nos pas. C’est la première image qui me vient lorsque je pense à Henri : ces pas le long d’un sentier. Et son histoire. Henri sait la raconter. Je crois que je sais écouter. C’est ainsi que nous nous sommes rencontrés, en mots et en marche. C’était l’été 1997. J’étais étudiant. Henri venait de prendre sa retraite agricole. Il avait quitté l’Auvergne et s’était installé à Saint Nicolas de Véroce. Il avait 73 ans. Vingt ans plus tard, je le retrouve. Nuit froide du mois de février 2018. Il vit toujours à Saint Nicolas. Je suis de retour dans les environs pour une semaine de vacances. Sarah est avec moi. Nous dinons ensemble. Il raconte à nouveau son histoire. Les souvenirs me reviennent. Sarah écoute.
Sarah – Je ne connaissais Henri qu’à travers son passé de résistant, comme une légende. Ce soir-là, je suis assise à ses côtés. Je suis captivée par les récits de son passé côtoyant la Grande Histoire, mélange de faits historiques et d’engagements au quotidien, de rencontres et de découvertes. Je suis touchée par la simplicité du personnage au présent, authentique, altruiste et humble. Fin de soirée. Henri se prépare à rentrer chez lui, seul dans la nuit, une lampe frontale sur la tête. Avant de partir, il nous invite à une marche qu’il organise le lendemain. C’est une randonnée nocturne, en raquettes, la nuit de la pleine lune. Henri a 94 ans. Le lendemain matin, débriefing au petit déjeuner, Clément et moi. Nous sommes touchés par la personnalité et les souvenirs de cet homme, ce qu’il est et ce qu’il a été. De cette rencontre est née un désir commun : celui de faire un film sur et avec Henri.
Sarah et Clément – C’est le premier projet de film que nous menons en commun. Nous sommes frère et sœur et travaillons tous les deux dans l’audiovisuel depuis plus de 15 ans. Clément est documentariste. Sa démarche est celle d’un cinéma documentaire qui interroge le monde et fabrique des expériences humaines et artistiques. La mémoire et l’histoire sont le fil rouge de ses projets à travers lesquels il cherche à raconter les expériences radicales, les marges du monde et les rencontres avec l’Autre. Sarah est réalisatrice de documentaires musicaux. Le partage, la réflexion et la transmission sont à la base de sa démarche artistique et professionnelle. Elle y exprime une création racontant des aventures humaines, artistiques et collectives.
Ensemble – Nous sommes conscients des forces et des faiblesses d’une réalisation menée en duo, doublée d’une relation fraternelle. Nous n’occultons pas les difficultés que peut créer cette proximité. Mais nous savons aussi que le travail en commun, s’il est mené en bonne intelligence, permet de dépasser de nombreuses limites. Dans ce duo, les rôles sont définis : Clément prend en charge la dimension technique du projet tandis que Sarah mène les recherches documentaires et la préparation des entretiens. Ensemble, nous construisons une relation avec Henri et assumons l’écriture et la réalisation ce film. Notre relation fraternelle ne sera pas nommée dans le film. Ce projet n’est pas un film de famille. Il ne porte par sur notre histoire familiale. Pourtant, nous avons un lien particulier avec Henri.
Henri et nous : la famille choisie
Henri est notre grand-oncle. Il est le frère de notre grand-mère, aujourd’hui décédée. C’est aussi le parrain de notre père. « Un mauvais parrain » pense-t-il, car avec ses différents voyages, il ne s’est pas beaucoup occupé de son filleul. Depuis notre place, nous ne sommes pas dans le cercle familial imposé. Nous ne sommes pas ses petits-enfants. Nos liens de parenté ne sont pas suffisamment proches pour nous obliger à nous voir. Une trop grande proximité aurait pu d’ailleurs être un problème pour réaliser un film.
Nous ne sommes pas non plus des étrangers. Enfants, nous l’avons peu vu. Mais le lien n’a jamais été rompu. C’est en 1997, lorsqu’Henri s’est installé à Saint Nicolas de Véroce que nous nous sommes véritablement rencontrés : mes grands-parents vivant une partie de l’année dans le village, nous y venions de temps à autre. Nous sommes aujourd’hui dans une relation de famille choisie. Nos liens existent. Ils ouvrent la possibilité d’un film à partir d’une relation personnelle et particulière.
C’est depuis cette place que nous allons filmer Henri. Et c’est aussi cette relation que nous allons filmer, qui évolue au fur et à mesure du tournage. Nous apprenons à nous connaître et à nous approcher de lui. A l’image, cette évolution est visible : Henri lance des regards à la caméra, celle-ci se rapproche de lui et notre complicité apparaît. Nous n’apparaissons jamais à l’image mais nous existons en off, au son. On entend notre présence et certaines de nos interventions. Notre complicité se concrétise dans le film par une situation récurrente. Dès que l’on aperçoit un sommet, Henri se tourne vers nous et demande : « quel est le nom de cette montagne ? » Nous nous trompons à chaque fois. Il est dépité et amusé. Puis il reprend sa marche.
Le fait que Sarah et moi soyons frères et soeur nourrit la relation avec Henri : nous avons le même lien de parenté avec lui et partageons la même proximité. La dimension de « famille choisie » de notre relation nous permet aussi de dévoiler avec respect et pudeur une partie de son histoire sous un angle intime. Henri nous parle de son rapport à la famille, aux femmes, à la sexualité et aux mœurs de son époque et de son milieu. Notre relation permet de construire la narration du film sur trois niveaux : le lien à la grande Histoire, les souvenirs d’un homme mais aussi les questionnements intimes qui l’animent.
Henri est vivant aussi sur ces questions. Il est toujours en mouvement. Europe, Afrique, Asie. Résistant, militaire, éleveur, marcheur. Henri a sans doute vécu plusieurs vies. Il a porté différentes peaux. Certaines périodes de sa vie nous touchent particulièrement, d’autres nous laissent plus à distance. Mais nous sommes convaincus d’une chose : nous nous sommes rencontrés au bon moment. Au moment où notre relation est possible. Au moment où il est prêt à raconter son histoire.
La grande Histoire traversée par un homme simple et ordinaire
Au départ de ce projet, il y a bien sûr son passé hors du commun. Henri est né en 1924. Enfant timide et réservé, il grandit à Paris. A la fin de l’année 1942, il entre dans la Résistance. Après la Libération, il s’engage dans l’armée française et part pour les colonies françaises, en Afrique. Il dirige la région du Kanem, au Tchad, depuis un fort du milieu du désert. En 1953, à la tête d’un bataillon de l’ONU en Corée, il participe à la construction de la zone de démilitarisation le long du 38e parallèle. Envoyé en Indochine un an plus tard pendant la Bataille de Dien Bien Phu, Henri prend part à l’évacuation de l’armée française. Puis il rejoint l’Algérie en 1957, pendant la guerre. Il y reste deux ans. Henri prend sa retraite militaire en 1959 et devient éleveur en Auvergne. En 1997, il quitte la région et s’installe à Saint Nicolas de Véroce, au pied du Mont Blanc, où il vit toujours aujourd’hui.
Réaliser un documentaire sur sa vie, c’est raconter la grande Histoire traversée par un homme simple et ordinaire. Henri n’est pas un héros. Ce n’est pas un être hors du commun mais un homme auquel le spectateur peut s’identifier.
Réaliser un film sur Henri, c’est raconter la vie intime et personnelle d’un homme entrelacée dans les évènements de la deuxième partie du XXe siècle.
Lorsqu’il est dénoncé, arrêté par la Gestapo et incarcéré à la prison de la Santé en 1944, Henri vivait encore chez ses parents. C’est ainsi qu’il a quitté le domicile familial. Son engagement dans la Résistance ressemble à une initiation, celle d’un adolescent qui devient adulte en jouant à la guerre. Entre 1943 et 1945, le temps semble se dilater et les mois deviennent des années. Début 43, Henri est étudiant. Parallèlement il devient résistant et organise des « coups de main » (désarmement de soldats allemands dans les rues de Paris). Il est ensuite emprisonné. Il s’évade en aout 44 et participe à la Libération de Paris. Puis il devient soldat dans l’armée française et prend part aux derniers combats contre les nazis. A la fin de la guerre, il part avec son régiment dans l’Allemagne occupée. Nous sommes en juin 1945. Il a 21 ans. Dans le même temps, ses parents ont été déportés puis libérés par les Alliés. Son frère et ses deux sœurs se sont mariés. Et ses premiers neveux et nièces sont nés.
Cadre et liberté : des rencontres et des hommes
L’arrivée dans l’âge adulte coïncide donc avec son entrée dans l’armée française et son départ pour le Tchad qui était à l’époque une colonie française. Cette situation politique induisait des relations de domination entre le colon qu’il était, militaire de surcroit, et les hommes et femmes qu’il allait rencontrer. Le récit de Henri raconte une autre histoire. Enfant, il a été très influencé par les récits de Pierre Savorgnan de Brazza (1852-1905), un explorateur français d’origine italienne fasciné par l’Afrique qui a mené de nombreuses expéditions, en particulier au Congo. Il est devenu célèbre notamment pour son engagement contre l’esclavage. De Brazza a été une figure importante pour Henri. Devenu jeune adulte, il en a gardé les valeurs humanistes et l’envie de partir à l’aventure.
Les fêtes que Henri organise chaque 18 juin au milieu du Sahara et qui rassemblent les douze tribus du territoire qu’il administre, symbolisent l’homme qu’il est, militaire et humaniste. D’un côté, il y a cette date choisie en honneur de l’appel du général de Gaulle. De l’autre, il y a la volonté de Henri d’unir et d’honorer ces tribus touaregs. C’est ainsi qu’il est parvenu à pacifier les relations entre elles. Il le résume ainsi : « une fois que les gens ont joué ensemble, ils ne peuvent plus se faire la guerre » . Ces quatre années passées au Tchad semblent avoir été les plus belles de sa vie et avoir forgé l’homme qu’il est devenu.
La suite de sa carrière militaire sera moins douce car cette période de paix sera bien courte. Les guerres de décolonisation commencent. Henri sera envoyé en Corée, en Indochine et en Algérie. A chaque fois, il demande à diriger un bataillon de militaires locaux et refuse systématiquement le soutien des parachutistes.
Henri a sillonné à dos de chameau le désert tchadien, il a marché dans la jungle indochinoise, a traversé les plaines coréennes et le maquis algérien… Il a rencontré des peuples, il a travaillé avec eux et partager certains aspects de leur vie. Henri était sincèrement dans un désir de rencontre. Mais il appartenait aussi à son époque. Quand il l’a pu, il s’est donné les moyens que cette rencontre existe.
Avec ce projet de film, nous n’avons pas le désir ni l’ambition d’écrire l’histoire de la colonisation. Et nous ne voyons bien sûr aucun « effet positif » dans cette époque de domination et d’exploitation de l’Autre. Nous condamnons sans aucune ambiguité ce système politique. Nous défendons des valeurs d’humanisme, de tolérance et de respect de l’autre.
Ce sont précisément ces valeurs qui nous ont poussé à faire ce projet de film. Car nous sommes convaincus qu’à l’intérieur de tous les systèmes politiques, y-compris les plus totalitaires, il existe des êtres humains qui, à leur échelle, construisent des relations respectueuses et défendent ces valeurs humanistes. C’est une autre voix et un autre regard que nous proposons sur cette période historique. Une histoire à hauteur d’hommes.
Il existe une réalité au-delà des institutions, des systèmes et des nations.
Il existe des êtres humains.
Il existe des rencontres.
Il existe de la poésie.
C’est cette histoire que nous souhaitons raconter.
Portrait subjectif d’un être humain
Si nous sommes touchés par cet épisode de la vie de Henri, nous ne sommes pas fascinés par l’homme. Nous gardons un regard et une distance critiques. Nous assumons aussi notre subjectivité. Certains choix, certains actes et certains aspects de la vie de cet homme nous intéressent moins. Après la guerre, Henri apprend le métier d’éleveur auprès de son beau-père. A ses côtés, il mène la vie d’un grand propriétaire terrien qui pratique la chasse à cour et va à l’église le dimanche. Henri mènera cette vie pendant plus de 20 ans.
Parce que notre proposition de film est un portrait subjectif de Henri, parce que nous ne cherchons pas à faire la synthèse de la vie d’un homme, parce que nous assumons notre place et notre regard, nous faisons le choix de développer assez peu cet aspect de la vie de Henri.
Mais, parce que nous ne faisons pas l’hagiographie d’un saint, parce que cet épisode de grand propriétaire terrien fait partie de la vie de Henri, parce que notre proposition de film n’est pas un tribunal où l’on juge, nous évoquerons tout de même cette période de sa vie.
Dans ce projet, c’est aussi ce qui nous intéresse : réaliser le portrait d’un homme et raconter l’histoire d’une vie. L’humain est complexe, paradoxal, faible et fort à la fois : il est humain. Henri est militaire. Henri est contre les institutions. Henri est un colon. Henri est un voyageur. Henri est un solitaire. Henri est un philanthrope. Henri est un homme.
(Livret militaire de Henri)
Les traces du passé : les archives de Henri
Nous construisons une relation avec Henri depuis plus de deux ans. Petit à petit, il nous ouvre les portes de son passé, à travers ses mots mais aussi avec ses archives qu’il nous a dévoilés progressivement. Nous avons découvert des matériaux précieux : Henri a réalisé plus de 2000 photos et diapositives tout au long de sa vie. Les premières datent de 1942, au moment où il s’engage dans la Résistance. Les dernières ont été prises pour ses 80 ans, il y a 15 ans. Ces photos ont une grande valeur documentaire, entre intime et Histoire. Elles sont la trace visible des différentes périodes de vie de Henri.
Les archives personnelles de Henri sont aussi constituées d’écrits. Il a rédigé 5 cahiers qu’il a intitulé « carnets de marche ». C’est un journal de bord qui commence en 1941, avant son engagement dans la Résistance. Le jeune Henri écrit son désir de révolte face à l’occupation de la France par l’Allemagne ainsi que ses questionnements sur la forme à donner à cette révolte. Après la guerre, il rédige 4 autres carnets où il raconte sa vie de résistant. Il a aussi conservé de nombreuses lettres de cette époque, les cartes des différents pays où il vécu et le livret militaire où est consignée toute sa carrière dans l’armée.
Ces documents sont des traces visibles de son passé. Tous constituent une matière précieuse pour l’écriture de ce projet de film et certains seront utilisés dans le film. A ces matériaux viendront s’ajouter les images du tournage que nous allons réaliser : nous allons filmer Henri au présent, pendant un an, une semaine par saison. Nous choisissons ce rythme pour installer la nature comme un personnage de ce documentaire et filmer la relation de Henri à celle-ci. C’est aussi une manière de nous donner du temps pour construire et développer notre relation avec lui.
Henri ici et maintenant : vivre le moment présent
car Henri est vivant. Bien vivant. C’est aussi pour cette raison que nous souhaitons réaliser ce documentaire. Il n’est pas que des souvenirs. Aussi intéressante que soit son histoire, ce projet de film ne se réduit pas au témoignage d’un ancien qui raconte son passé. Notre désir est d’abord de filmer ce qu’il est et ce qu’il fait aujourd’hui, au présent, à 95 ans.
Henri marche. Il va de l’avant. Dès que le temps le permet, il part dans la montage. En été comme en hiver. La marche, c’est son rapport au monde et à la nature. Henri est un homme-territoire. Nous le filmerons ainsi. Il aime préparer sa randonnée, avec une carte et une boussole. Il aime s’éloigner des hommes pour s’enfoncer dans la nature sauvage. Il aime sentir le rythme de ses pas, respirer les odeurs de la nature et écouter le silence de la montagne. Il aime la joie profonde et silencieuse qui l’anime à ce moment là.
Henri défriche des sentiers. Il décide, contre l’avis de certains, de remettre en état des sentiers autrefois existants. Il part dans la forêt, armé d’une machette, dégager ces chemins qui, non entretenus par la main de l’homme, sont recouverts par celle de la nature. Il est entré au Conseil des sages, un rassemblement d’anciens qui formule des propositions à la mairie, pour défendre ce projet. On lui a opposé le droit, les assurances et la propriété privée. Il n’a pas insisté et a remballé son projet. Puis il est reparti dans la montagne, avec sa machette, tracer son sentier. Henri a du mal avec les institutions et leurs complexités, mais il aime les êtres humains. Ses sentiers sont autant de réseaux pour relier les hommes entre eux.
Henri rassemble. Depuis son arrivée à Saint Nicolas de Véroce, il s’est impliqué dans sa communauté. D’un côté, il a intégré différentes structures associatives. Au sein de Solé Petui (Soleil pour tous en patois savoyard), il participe à la mobilisation des habitants et à l’animation du village. Avec les différents Clubs Alpin Français de la vallée, il organise des randonnées tout au long de l’année. De l’autre, il mène des projets de manière totalement sauvage et informelle : son projet de rénovation de sentier a séduit d’autres habitants qui l’accompagnent aujourd’hui dans la montage avec tronçonneuses, pelles, pioches et sécateurs. Avec tous ces projets et ces activités, Henri a fait des rencontres. Beaucoup de rencontres. Nous allons filmer ce monde qu’il a créé autour de lui parce qu’il rassemble, fédère et dirige sans imposer.
Henri aime. Il aime les gens et la vie. Lorsqu’il organise un événement, il mobilise des gens de tout âge et toute classe sociale. Jeunes et vieux. Riches et pauvres. Il se permet une seule distinction, entre les autochtones et les résidents secondaires. Parce qu’il pense que les riches vacanciers ne doivent pas se comporter en colon.Tchad, Indochine, Algérie ou Haute-Savoie : Henri demande le respect pour tout le monde. Car il aime les hommes. Et les femmes. Après avoir été marié deux fois, il vit seul. Mais il a aujourd’hui une amie. Elle a 20 ans de moins que lui. Elle ne vit pas à Saint Nicolas. Ils se voient quand ils en ont envie. Ils ne sont pas jeunes. Mais ils sont vivants. Ce film est aussi une proposition de réflexion sur la vieillesse, un enjeu de nos sociétés occidentales.
Henri partage ses souvenirs. Les gens aiment l’écouter. Mais à force de les dire, ce passé se fige. Les mêmes anecdotes reviennent. L’histoire devient mythe. Depuis notre place, nous allons raconter une autre histoire. Plus intime et personnelle. Pourquoi ? Parce que nous prenons le temps de l’écoute et de la rencontre. Parce que Henri se dévoile en même temps que notre relation se forge. Parce que nous avons mis en place une méthode pour aller au-delà du récit figé et répété. Lors de chaque semaine de tournage, nous travaillerons une période de sa vie. Nous réaliserons un premier entretien où nous n’avons quasiment pas besoin de question tant Henri sait ce qu’il veut dire. Nous lui laisserons cet espace de parole. Nous reviendrons ensuite à la charge, le lendemain, et mènerons un nouvel entretien sur cette même période . Mais cette fois, c’est nous qui poserons les questions et l’amènerons dans des zones d’ombre et de fragilité. Henri l’acceptera parce que nous avons un lien particulier avec lui.
La marche, le voyage, la rencontre, le rapport conflictuel aux institutions et le rapport à la nature sont présents depuis son engagement dans la Résistance jusqu’à sa vie d’éleveur de moutons en passant par sa vie de militaire dans le désert africain. Nous raconterons ainsi Henri, depuis ce qu’il est et ce qu’il fait aujourd’hui, en tissant des liens entre son passé et son présent, pour raconter cet homme et son histoire.